Il attend la confirmation écrite. Mais estime que c'est déjà « une semi-victoire ». Le professeur Michel Bénézech, président de l'association des Amis du cimetière des oubliés de Cadillac, est sorti jeudi un peu plus rassuré de la réunion de la commission de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). La commission régionale du patrimoine et des sites de la Drac, qu'il avait saisie en urgence, a en effet proposé au préfet de région d'inscrire au titre des monuments historiques les murs du cimetière de l'asile d'aliénés ainsi que trois carrés attenants.
C'est au préfet que revient la décision et il est rare que le représentant de l'État soit en désaccord avec la commission. Une instance dans laquelle siège le directeur régional des affaires culturelles ainsi que ses homologues de l'environnement et de l'équipement, mais aussi au titre du Conseil général, le président de sa commission culturelle, Hervé Le Tallendier de Gabory par ailleurs maire de Cadillac. Une instance devant laquelle, M. Bénézech, psychiatre qui fut médecin chef des hôpitaux psychiatriques, a plaidé pour la conservation de ce qu'il estime un véritable patrimoine, au même titre qu'un monument, « un site exceptionnel, indissociablement lié à la tradition hospitalière et d'enfermement de la commune. »
Le bras de fer va continuer
Colette Lièvre, membre de l'association et directrice des « Cahiers de l'Entre-deux mers », explique qu'à Cadillac sont morts des « fous » de toute l'Europe, y compris des locaux pas forcément malades. « Plusieurs familles locales, raconte-t-elle, se sont débarrassées de leurs membres gênants. Et plusieurs centaines d'internés sont morts de faim dans les années 1940 du fait du rationnement imposé par la guerre et l'occupation. Rationnement qui dans les centres psychiatriques, s'est traduit par un épisode de famine. » Ces morts ont vraisemblablement été ensevelis dans le carré du cimetière attenant au cimetière communal et dont le professeur Bénézech qui a mené une très sérieuse étude sur le sujet, estime que son sol contient les restes d'au moins 3 500 « oubliés ». Davantage que ceux des 895 tombes visibles, surmontées par une croix de fer et une plaque portant un simple nom et une date. Depuis 2002, le maire souhaite transformer ce cimetière. Et d'après l'association des amis du cimetière, sa conservation contrarie ses projets de construire les 60 places de parking qui seront nécessaires au futur centre psychiatrique fermé que la ville doit accueillir.
Le bras de fer va donc continuer entre M. de Gabory et les membres de l'association qui font remarquer que le président de la commission culturelle du Conseil général n'a pas été « très suivi ».