Chaleureuses Retrouvailles

 
Comme je l’ai déjà écrit, mes parents ont connu une période d’errance, Ma mère souhaitait retrouver sa Provence, (en fait le conté de Nice) et quitter la Picardie, où ils avaient pourtant trouvé enfin un travail stable après de nombreuses galères. Des Hautes Alpes en passant par la Lozère, ils mirent près de quatre années avant de se poser pour une grosse décennie à Aix en Provence.
Leur périple commença en septembre 1959 lorsqu’ils eurent enfin obtenu leur mutation pour LARAGNE.  En  attendant qu’ils trouvent un appartement correct il fut décidé que je resterai avec mes grands-parents le temps de finir mon cycle primaire.
Je n’ai pas le souvenir d’avoir mal pris « la chose » à ce moment là, pas de pleur ni de révolte. C’était décidé comme cela, voilà c’est tout. Je pense que je n’avais pas tellement une exacte notion du temps, un mois de vacances ou une année scolaire avec mes grands-parents, c’était du pareil au même, je ne devais pas faire la différence.
Pour moi, « l’absence » se concrétisait par l’appartement vide, au premier étage de la grande maison que louaient mes grands-parents. Je m’y rendais de temps en temps, à la recherche de je ne sais trop quoi. J’avais moi-même déménagé, délaissant la chambre dite de  « la Tante Berthe » pour une autre au rez-de-chaussée derrière le bureau de mon grand-père.
Je passais Noël et Pâques « là-haut », car pendant tout ce temps, je ne vis pas mes parents, je savais que leur séjour à LARAGNE s’était mal passé, et qu’ils avaient émigré au printemps à Saint ALBAN sur LIMAGNOLE en LOZÉRE.
Je dus attendre les congés de mon grand-père, en juillet pour descendre avec eux rejoindre le reste de ma famille qui habitait une villa en location.
A notre arrivée  mes parents nous firent faire le « tour du propriétaire », et je dois avouer que j’étais très agréablement surpris, habitué que j’étais à la vieille maison de Picardie, sans salle de bain, mais avec son « Cagadou » au fond de la cour. Spontanément j’ai laissé voir ma satisfaction, « Que c’est beau, chez vous ! ! !», la réponse de ma mère fut cinglante et immédiate, après 10 mois de séparation, je retrouvais sa tendresse maternelle. En guise de bienvenue  j’ai reçu une superbe gifle « Tu ne dois pas dire chez vous, mais chez nous ». Il y avait quinze minutes à peine que j’étais de retour dans la « douceur du cocon familial ».
Ainsi était ma mère, plus le temps passe, plus je pense qu’elle nous aimait quand même, mais à sa façon, elle n’était ni maternelle, ni maternante, son devoir était de nous « élever », ce qu’elle pensa faire, en oubliant de « nous éduquer ». Sa carrière passait avant nous, par moment, je pense qu’il lui arrivait de culpabiliser, mais sa « parano » reprenait le dessus et nous payons cash ses instants de faiblesse.
Quelques années avant sa mort, nous avons évoqué « ces cinglantes retrouvailles Lozérienne », elle se souvenait de la scène mais elle m’a affirmé qu’elle n’avait pas été jusqu’à me gifler, et qu’en réalité, je n’avais eu droit qu’à une gifle symbolique. !!!!!
 Elle avait, à la fois tort et raison, tort, parce que la « baffe », je l’ai pris réellement en pleine gueule, à tous les sens du terme. Elle avait aussi raison, car ce qui fut le plus douloureux ce n’était pas la violence du geste, mais la symbolique de l’acte.



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