Nous avions à peine déposer nos bagages dans la vieille maison de famille de ma Dame Zette, que nous l’avons vu arriver sur son tracteur, l’œil malicieux et frais comme un gardon malgré ses quatre-vingt ans passés, il a sauté de sa machine pour venir nous saluer, et il nous a expliqué qu’en début d’après midi, il était en train de se reposer en lisant la gazette locale, après s’être levé à six heures du matin pour aller garder le troupeau et s’occuper des jeunes agneaux, quand son gendre lui avait dit « Si vous n’avez rien de mieux à faire, allez chercher les ballots de foins dans le pré de la Lina. » Tout autre que Georges aurait mal pris la chose, mais lui, s’était exécuté sans protester. Ne croyez surtout pas que c’est par crainte du gendre ou par lâcheté qu’il avait obéi, non, c’était par malice, car de champs en champs de pré en pré, de maison en maison, tout en baladant son rouleau de sainfoin, notre Georges s’en est allé raconté sa petite histoire aux uns et aux autres, il est comme ça notre Georges, il n’est pas rancunier, mais il a ses petites vengeances à lui, ça suffit à son bonheur.