Il faut que je te raconte cette histoire dont je suis (très modestement) l'un des héros avec deux grands personnages.
J’étais encore un tout petit louveteau d’à peine deux ans, un petit peu indiscipliné et pas craintif pour deux sous (de l’époque). Ah oui, parce qu’il faut que je dise que cette scène d’une incroyable intensité a eu lieu fin 1950 début 1951. Je n’avais qu’une idée en tête : me distinguer, et ce jour là, l’occasion fut trop bonne. Mais avant, il faut que je te parle de mon grand-père, je sais que je l’ai déjà fait, mais c’est mon blog, j’écris ce que je veux na !!! (N’oublie pas que je n’ai que deux ans)
Mon pépé Maurice, en 1914, partit pour Paris, il avait seize ans, et il avait quitté Clermont-Ferrand et ses parents pour aller rejoindre dans la capitale ses trois frères aînés, qui, comme lui n’étaient pas venu chercher spécialement fortune, juste la possibilité de subvenir à leurs besoins en attendant mieux. Il avait trouvé une place de commis chez un marchand de dentelle et il courait de maison de couture en maison de couture, placer sa marchandise.
Ses grands frères veillaient sur lui, mais, comme tu le sais, le 1er Août , ce fut la mobilisation générale, et le pauvre Maurice se retrouva bien seul quand ses aînés partirent se faire saigner sur le front. Comme tous les jeunes de l’époque, il avait été élevé dans le culte de la revanche, ainsi, à dis sept ans, il devança l’appel. Comme il avait du caractère il fit le peloton et des Flandres à la Somme, il trouva le moyen de se faire estropier comme les autres avant d’être démobilisé en 1919, couvert de cicatrices, de citations et des médailles qui vont avec.
Revenu à la vie civile, il suivit néanmoins des cours pour les sous officiers de réserve, et se trouva ainsi mobilisé en 1938, lors de la crise de Munich, responsable de l’aménagement d’un terrain d’aviation qui ne vit jamais aucun avion puisque l’ami Daladier avait déposé sa culotte au nom de la France devant le führer.
Une loi de dernière heure concernant les pères de famille nombreuse le dispensa de participer (militairement) à la débâcle, bien qu’il fut aux premières loges, ayant été muté comme fonctionnaire à l’endroit précis où les allemands percèrent le front dans les Ardennes. Il n’abandonna son poste que lorsque les Panzers pointèrent leurs museaux au bout de sa rue. Son administration lui ordonna de se replier vers d’autres centres. Mais à peine arrivé dans une ville qu’il lui était demandé de repartir. Il en était de même pour ma grand-mère qui était receveuse des postes, seul problème, on les envoya dans des directions différentes, Ma mémée « Dédée » en Bretagne, et Maurice à Bordeaux en passant par Saint Lô, où il tenta vainement d’embarquer pour rejoindre De Gaulle à Londres. De retour chez eux, mon grand père alla rechercher dans les bois les équipements et les armes abandonnés par l’armée française avant que les allemands ne le fassent, Chef de groupe dans la résistance, il participa aux actions destinées à bloquer les troupes allemandes au moment du débarquement, puis rejoignant l’armée régulière avec le grade de Lieutenant (faisant office de capitaine) il se retrouva en première ligne (avec ses fils) quand les nazis lancèrent leur contre offensive dans les Ardennes. Il finira la guerre sur la poche de saint Nazaire, (dernière place forte des allemands sur le territoire français) qui ne capitula que ……..le 9 Mai (le lendemain du cessez le feu !!) .
Donc, tu l’auras compris, mon Maurice méritait bien la légion d’honneur, ce qui fut fait en décembre 1950. Une belle cérémonie fut organisée, et pour décorer notre héro il en fallait un autre, ce fut le général Ernest PETIT (1888-1971), célèbre en son temps, ancien chef d’état major du Général de Gaulle à Londres, initiateur de la prestigieuse escadrille Normandie- Niémen, (excusé du peu) qui fut chargé de lui remettre sa décoration au cours d’une cérémonie avec tout le tralala et tout le tsoin-tsoin.. Le général PETIT à Moscou pendant la guerre.
ET J’Y ETAIS !!! , je ne m’en souviens plus, mais j’y étais !!! Même qu’au moment où le gégène décorait mon grand père, j’ai réussi à échapper à mes parents afin de rejoindre mon « Popeye » comme on l’appelait. Et je me suis jeté dans ses bras. Le général, bon enfant, demanda en me faisant des risettes, comment je m’appelais. Pour toute réponse, je lui « fourrais » dans la bouche le biscuit que j’étais entrain de mâchouiller. Le général l’avala et dit « Plus tard tu pourras dire que tu as partagé la gamelle du général Petit ».
« ? papapapam ? pampam ? pam pam ??…. qu’un sang impur….. ? …nos sillons ? …pampampam ? ? ». Fermez le ban !!!!!