Dur, Dur, D'être Père Noel !!

 
Tu peux pas savoir : depuis que j’ai écrit ces notes sur mon métier de père Noël, (Quand je suis descendu du ciel, le loup est un Père Noël comme les autres) ça n’arrête pas, 123789 coms et E mails reçus à ce sujet, (à deux ou trois près), c’est te dire.
Comment se fait-il qu’un loup, mécréant de surcroît, ait pu dégotter un boulot comme ça ? Ça les intrigue à un point ! Mais si tu t’y mets toi aussi il va bien falloir que je passe à confesse. C’est bien parce que c’est toi que j’accepte de tout dire, écoute moi bien, je vais essayer de faire bref mais ce n’est pas évident.
Quand j’ai postulé, il y 450 années environ, il n’y avait pas grand monde qui était intéressé par ce travail, Par contre pour devenir conquistador, commercial pour la compagnie des Indes, chauffeur livreur sur la Route de la Soie , et que sais-je encore, ça se pressait au portillon.  Mais  « faire  Père Noël » nul ne le voulait, « pas d’avenir, aucun créneau porteur, aucune reconnaissance, études de marché négatives, ça ne prendra pas, jamais on ne fera des pépettes avec ça, etc. etc. etc. », Il n’y avait qu’un pauvre loup comme moi pour accepter le poste, c’était ça ou le chômage. C’est idiot, mais j’étais jeune à l’époque, et reprendre la boutique familiale ne me tentait pas. Des millénaires pourtant que de père en fils on se transmettait le flambeau, mais avec le temps les conditions de travail s’étaient considérablement dégradées et avec les guerres de religion, ça devenait franchement impossible de continuer sans avoir recours à une refonte complète des statuts de la profession. Comment ? jeanne-d-arc-1999-tournage-01-g.jpgQu’est-ce que c’était comme job ? Excuse moi, j’avais oublié de te le dire : nous étions nettoyeurs de champs de bataille. C’était un beau métier qui nourrissait son loup, mais ne te méprends pas, les trucidés nous les laissions aux renards et aux sangliers, nous, nous ramassions les objets divers que l’homme laisse derrière lui chaque fois qu’il s’étripe. Au temps de Neandertal, ça pouvait aller, quelques massues cassées, trois ou trois silex par ci par là, faut dire qu’à cette époque l’homo sapiens n’était pas gaspilleur, tout était recyclé par ses soins, même les dents de ses ennemis qu’il transformait en pointes de flèche. Ça a commencé à se dégrader sous les romains, prenez César par exemple, il ne pouvait faire que dans le grandiose, cent mille allobroges passés au fil du glaive dans la journée ça ne lui a pas fait peur. Record inscrit au Guinness !! Il a tenu en sacré bout de temps, il a fallu attendre Hiroshima pour l’égaler. C’est dire.
normand1.jpgAvec tous ces boucliers, épées, casques, cotes de maille nous avions fort à faire, tu comprendras que nous ne pouvions pas nous occuper des loqueteux qui avaient eu le mauvais goût de trépasser au cours de leurs petits jeux. Faut pas croire ce que les bergers racontent sur nous, nous ne sommes pas anthropophages. Oui d’accord, je te le concède, Charles le Téméraire, c’est nous, mais nous avions une dent contre lui. Je  ne dis pas non plus qu’en période de disette, par nécessité certains d’entre nous ne se soient pas laisser aller à croustiller quelques gigots de jeunes amazones mais ce sont des exceptions.
Avec tout le bon bétail, destriers et bœufs tirant les chariots qu’ils sacrifiaient durant leurs batailles, pourquoi voudrais tu que l’on bouffe des humains. Et puis, il faut le dire, la chaire délicate élevée dans les ors des palais et châteaux, les princes charmants, roitelets tout juste sortis des jupes de leur mères, les mignons petits ducs ,et autres fils à papa qui venaient par mégarde à être occis , « ils » ne nous les laissaient pas, « ils » les récupéraient, Il y avait même un trafic de dépouilles pendant les trêves : « je t’échange un marquis de mes amis concassé à la masse d’arme contre deux petits contes délicatement décapités,  et comme je suis bon perdant,, j’y ajoute un jeune écuyer fraîchement empalé ».
Par contre la piétaille, même la leur, ils l’abandonnaient sur place, et il faut voir dans quel état. . Déjà au départ, avant même de se faire zigouiller, ce n’était pas des produits frais, de la vulgaire viande en conserve, bardée de ferrailles et de gilets de cuir durs comme des armures.
Pat_Becamel_14.jpgFallait pas être regardant sur les condition d’élevage, pas la moindre hygiène, des poux en veux-tu en voilà, jamais lavés, couverts de pustules que quand tu croques dedans ça gicle dans touts les sens , beurk !!!!!!, dégueulasse !!!rien que d’y penser j’en ai la nausée. Ensuite maltraités que ce n’est pas dieux possible, ça nous arrive sur le terrain épuisés par des jours de marche, la chair pleine de toxines, une fois sur place on te les malmène dans tous les sens, on te les piétine avec la cavalerie, on les lapide à grands coups de catapulte, on les transperce à la flèche d’arbalète, on te les fait frire à l’huile bouillante, on te les saigne avec des dagues à moitié rouillées et si par malheur ils sont dans les camps de vaincus, c’est le pompon, et vas-y que je te les balance du haut d’une tour sur une forêt de hallebardes, que je te broie leur membres sur une roue et pour finir que je te les écrabouille en les faisant passer sous une meule de moulin. De la bouillie « ils » t’en font. Je n’ai rien contre le steak tartare mais quand c’est de la carne bourrée d’éclats d’os, aromatisée au pus de furoncle, non merci très peu pour moi.
Tu comprends pourquoi j’ai préféré effectuer ma reconversion, Père Noël, ce n’était pas si mal, c’est sûr qu’avec deux, trois jours de boulot par an il me faudra quelques siècles pour bénéficier d’une bonne retraite, mais toute médaille à son revers.



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