Ça fait combien de temps que tu n’as vu une pastorale à la télévision ? Hummm ? Moi, je crois que ça remonte à une trentaine d’année pour le moins, et encore, c’était aux régionales !!! Ce n’est pas possible, avec cette bande de pingouins, sorti du « père Noël est une ordure », ou de « maman j’ai raté l’avion », tu n’as plus de programme spécifique pour Noël, c’est dire le niveau de la télévision française. Moi, ce que je voudrai, c’est une bonne pastorale provençale, savoureuse comme un aïoli, comme il y en avait jadis dans nos villages, une de ces représentations de la nativité ou personne de s’étonne que Bethléem ne soit pas en Palestine mais quelque part entre les tours du château de Tarascon et le Cannet des Maures. Les anachronismes ne choquent point le spectateur, vous y verrez le gendarme, le maire, voir parfois le curé, venir accueillir le petit Jésus car cette célébration est aussi l’occasion de parler du village, de se moquer des riches, de ceux qui tètent le goulot plus que de raison, des cancanières des lavoirs, des radinasses et autres pingres de toutes sortes. Vous y retrouverez peut-être celle que l’on ne voit jamais, si ce n’est dans nos pastorales : Mireille notre Arlésienne et Vincent son amoureux, côtoyant boumians et gardians. Le narrateur vous citera Pagnol ou Giono, tout cela en l’An Un de notre ère, quand notre Pont du Gard et nos Arènes de Nîmes n’étaient même pas encore dans les cartons des architectes romains.
Les Romains, mais bon sang, mais c’est bien sûr, j’allais oublier : il existe un village d’irréductibles gaulois qui n’a que faire des séries télévisées à la mode, et qui chaque année nous livre, mijotée aux petits oignons accompagnés de pois chiches, une pastorale de derrière les fagots, que des comme ça, té !! t’en trouveras pas deux. Tiens assieds toi, regarde les photos et laisse moi te raconter :
Etre réveillée comme ça en pleine nuit, elle n’aime pas ça du tout la Simonette, et elle le fait savoir à grands cris et coups de canne tout en déversant le contenu de son pot de chambre par la fenêtre sur la tête des importuns. Félicie, sa belle sœur est son souffre douleur patenté. Mais abrégeons, tout le village part donc à Pied pour Bethléem, en chantant :
La cambo me fai mau,
Bouto sello, bouto sello ;
La cambo me fai mau,
Bouto sello à moun chivau.
La jambe me fait mal
Mets la selle, mets la selle
La jambe me fait mal
Mets la selle à mon cheval
Ils sont guidés par le prophète Gédéon, une sorte de curé avant l’heure. Arrivés sur place, ils trouvent la crèche, et les miracles s’enchaînent, le Luc (je l’avais oublié celui-la) qui était devenu aveugle après avoir pactisé avec le diable, retrouve la vue, le moulinaïre ne bégaye plus, le remoulaïre renonce à la boisson, les bohémiennes se repentissent, Simonette devient gentille et donne les sous de sa retraite au nouveau né, elle a vu le messie et Félicie ….. aussi. ! Arrivent les rois mages tout le monde est heureux et nos villageois chantent l’hymne final au milieu des applaudissements.
Et c’est à ce moment que se produisit un nouveau petit évènement, tout a fait imprévu celui là, le prophète Gédéon remarque au premier rang, parmi les enfants, une petite fille qui a revêtu une robe de gitane pour venir voir la pastorale. Il l’invite à monter sur scène, lui offre une rose et la tient par la main pendant les salutations au public.
Je ne sais pas, mais j’ai comme vaguement l’impression de l’avoir déjà vu quelque part cette petite, tu n’es pas d’accord avec moi, Janou ?
Le rideau est tombé, si tu n’as pas vu la pastorale de Montaren, c’est trop tard, il te faudra attendre l’an prochain, pour une nouvelle édition encore plus belle encore plus magique.
Merci aux « ravis de la Carcarie » J’aimerai bien citer quelques noms, mais ce serai injuste pour les autres, pensons à Mireille DUMAS qui est s’en est allée quelques jours avant la première représentation.