Les Romains, mais bon sang, mais c’est bien sûr, j’allais oublier : il existe un village d’irréductibles gaulois qui n’a que faire des séries télévisées à la mode, et qui chaque année nous livre, mijotée aux petits oignons accompagnés de pois chiches, une pastorale de derrière les fagots, que des comme ça, té !! t’en trouveras pas deux. Tiens assieds toi, regarde les photos et laisse moi te raconter :
A la nuit tombée, d'étranges silhouettes, vêtues comme à la fin du 19ème siècle, parcourent les rues de Montaren, se glissant dans la sacristie de l’église. Sous le porche, les initiés patientent et s’échangent les dernières nouvelles, Quand les portes s’ouvrent chacun gagne sa place, cherchant celle d’où il pourra voir tout à la fois l’orchestre qui accompagnera les chants traditionnels au cours des petites scénettes qui composent le spectacle mais aussi la galerie située au dessus de l’entrée, là où chanteront les anges et, bien entendu, le chœur de l’église et son Autel où se déroulera la représentation.
Il y a d’abord le diable, en personne, pas du tout content le bonhomme, Dieu vient de lui faire un enfant dans le dos, c’est du moins ce qu’il prétend, il charge les bohémiennes de retrouver ce nouveau né, qui doit dans les prochains siècles lui donner du fil à retorde. Ces femmes savent qu’elles peuvent séduire Luc, le fils de Simon et de la Simonette (retiens bien le nom de ces deux là, on va en reparler). Et puis il y a le berger, lui il a vu l’étoile, celle qui deviendra la sienne, la première à briller le soir dans le ciel. Il a tout compris, il lui faut convaincre les villageois de se rendre à l’étable où le petit Jésus est né. Et ça, c’est pas gagné d’avance, parce qu’ils sont gratinés ces messieurs dames, par exemple le moulinaîre, (comment ça ? tu ne sait pas ce que c’est qu’un moulinaïre ? dans le patois des gens du Nord de Valence, on dit le meunier) Donc, le moulinaïre, il est bègue, un peu feignant, et il fait porter à son petit moulinier un sac de farine plus gros que le gamin alors que lui ne trimbale qu’un petit sacqueton : tu vois le genre. Y’a aussi le remoulaïre, un brave garçon qui ne trouve pas les chameaux intéressants car ils ne boivent que de l’eau, ce qui n’est pas son cas.
Notre berger à bien du mal à mobiliser tous ces gens, et à rassembler le conseil municipal. Il ameute quelques villageois avec qui il va réveiller Simon, le maire, et la Simonette, une femme acariâtre qui s’est enrichie grâce aux pois chiches. Elle cache son magot dans son sac à main qu’elle a piégé avec de la dynamite, elle comptait en profiter à l’heure de la retraite, mais à la cause de la réforme il lui manque quelques trimestres. 
Ils sont guidés par le prophète Gédéon, une sorte de curé avant l’heure. Arrivés sur place, ils trouvent la crèche, et les miracles s’enchaînent, le Luc (je l’avais oublié celui-la) qui était devenu aveugle après avoir pactisé avec le diable, retrouve la vue, le moulinaïre ne bégaye plus, le remoulaïre renonce à la boisson, les bohémiennes se repentissent, Simonette devient gentille et donne les sous de sa retraite au nouveau né, elle a vu le messie et Félicie ….. aussi. ! Arrivent les rois mages tout le monde est heureux et nos villageois chantent l’hymne final au milieu des applaudissements.

