L'Enterrement de Mon Grand-Père

 
 
L'enterrement de mon grand-père
♫ A l’enterrement de mon Grand père ô
♫ J’étais devant, j’étais derrière ♫
ô J’étais derrière, j’étais devant ô
♫ J’étais tout seul à l’enterrement ♫
ô Tiens, tiens  voilà ……
 
STOP !!!! Ça suffit, l’enterrement de mon grand père, c’est une chose sérieuse, et puis j’étais pas tout seul, Il faut que je vous dise, le « Popeye » comme nous l’appelions familièrement avait lui-même organiser ses obsèques, et cela, à la manière des anciens rallyes de Monte-Carlo, vous vous souvenez ? Les voitures partaient de toutes les capitales européennes afin de se retrouver à Monaco pour le parcours commun.
Donc…mais je crois qu’il vaut mieux que je reprenne du tout début: Mon Grand Père, en 1960, s’était retrouvé à un mois d’intervalle veuf et retraité. A la suite de quoi, il était venu se perdre dans les marais de la Brenne où il avait hérité d’une maisonnette, celle du « Jeteur de sorts », les innombrables habitués de mon blog le savent déjà. D’ailleurs je les vois qui trépignent derrière leur écran. Levez le bras les habitués que je vous compte !!!!! Heu…..Y’a que toi ? T’es tout seul ? Comment ? T’es là par erreur ?  Tu resteras bien un petit moment ? Je t’offre le café, Ah !!!! C’est sympa, Assieds-toi, que je continue mon histoire.
Félix, lui, c’était le frère de Popeye, il était veuf lui aussi et avait perdu sa belle sœur le jour où mon grand père avait perdu la sienne et réciproquement. Comment ça ce n’est pas clair ? Ah oui, j’avais oublié de te dire : les deux frères avaient épousé les deux sœurs. Ce qui fait que ma grand-mère était la belle sœur de Félix, mais aussi la belle sœur de son mari (Popeye) puisque celui-ci était marié au frère du mari de sa sœur. Elle était ausi la belle soeur de sa propre soeur en vertu du fait que ......Mais non je ne cherche pas à t’embrouiller.
Revenons en à Félix, lui c’était le pistachier de la famille, coureur, flambeur, joli cœur, à un tel point, qu’il a fait depuis l’admiration de tous ses neveux, petits neveux et arrière petits neveux après avoir été la honte de la famille. Comme il partageait avec mon grand-père l’amour de la bonne bouffe, il lui avait proposé un jour de parcourir la France à la recherche de bonnes petites auberges où l’on mangerait bien pour pas cher. Régulièrement les deux frangins partaient donc en expédition visiter la France profonde, prenant le temps d’éplucher en connaisseur les menus d’un grand nombre de restaurants.
Mais les bonnes choses ont une fin, un jour, le médecin de Félix eu la pénible tache de l’informer qu’il devait mettre un sérieux bémol à ses balades gastronomiques,
« A ce point Docteur ? »
« A ce point, si vous vous ménagez vous pouvez espérer vivre encore quelques belles années, sans ça vous ne tiendrez pas six mois, mon bon Félix »
« Bien, je vais prendre mes dispositions, je vais téléphoner à mon frère, pour qu’il mette au point ma tournée d’adieu, il y a quelques petits restos que j’aimerai revoir avant de mourir »
Et il en fut ainsi, le final fut triomphal et Félix s’en alla rejoindre les ombres du passé, lui qui préféra vivre six mois que vivoter dix ans.
Image Scannée037.jpgPeu de temps après, Popeye fit un sérieux malaise cardiaque, son toubib lui déconseilla de rester seul dans sa maisonnette berrichonne et lui proposa de séjourner dans une maison de retraite. Mon grand père se rendit à la raison du médecin, vendit sa petite demeure et vint s’installer dans une résidence pour personnes âgées près d’Aubenas, dans l’Ardèche, là où résidait mon oncle Pierre. Il rédigeât ses  dernières volontés, en premier lieu il souhaitât  qu’après sa mort,  on le ramène dans le Berry pour reposer au cimetière du village au coté de ma grand-mère, ensuite qu’après les obsèques toute la famille se retrouvât dans un restaurant qu’il appréciait particulièrement où nous aurions « mission de bien boire, bien manger, bien chanter, bien s’engueuler en sa mémoire et en souvenir des repas de famille d’antan » Pour cela, il fallait arriver à regrouper les uns et autres dispersés aux quatre coins de la France. C’est ainsi, que pour chacun d’entre nous, il traça un itinéraire bien précis avec arrêts obligatoires dans des établissements qu’il avait fréquenté avec Félix. Tout était prévu et budgété, y compris le retour, mon oncle Pierre ayant la lourde tache de régler les factures de restaurant et d’hôtel, ainsi que de veiller au respect des desideratas du défunt. Bien sûr, il y eu quelques petits couacs, certaines auberges avaient changé de propriétaires et n’étaient plus à la hauteur de la réputation que leur avaient faite Popeye, mais dans l’ensemble ce fut parfait.
Le repas de famille fut mémorable, les neveux se firent un plaisir de choquer leurs vieilles tantes, mon père d’enquiquiner sa sœur, laquelle cru se venger en nous faisant la morale. A un client du restaurant qui me demanda si c’était une noce, je répondis très digne, « Mais non monsieur, ceci est un enterrement !! »
Et on chanta, chanta, chanta…. Ce fut véritablement une réussite. Sacré Popeye !!!!
 
♫ A l’enterrement de mon Grand père ô
♫ J’étais devant, j’étais derrière ♫
ô J’étais derrière, j’étais devant ô
♫ J’étais tout seul à l’enterrement ♫
ô Tiens, tiens  voilà ……  Et ho, réveille-toi, c’est fini, tu peux rentrer chez toi !!!
 
(Je précise pour les âmes sensibles qui pouraient être choquées par ce récit qu'il est absolument authentique)



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