Bon, le débat sur l’identité national est clos, plus exactement il est mort. De profondis etc.….Vous pouvez rajouter le Morpionibus et fermer le ban, circulez y’a plus rien à voir.
Maintenant que cela ne compte plus et que mes écrits ne peuvent plus être considérés comme une contribution « adhérante » et récupérés par Besson le renégat de la Drôme, je vais, comme dirait ma Janou, mettre mon grain de sel dans la ratatouille nationale. (C'est la moindre des choses pour un niçois)
En fait la question du « social traître » n’était pas nouvelle pour ma petite personne, elle avait même tarabusté le petit lycéen que je fus dans les années soixante.
A cette époque je n’aimais pas lire…………. parait-il !!
C’est du moins ce que ma mère affirmait, pour sa défense, je reconnais volontiers que dans ma prime jeunesse je me désintéressais des « bons » livres destinés aux enfants de mon âge. Je délaissais volontiers les grands auteurs comme Jules VERGNE, Victor HUFO, DICKENS, Maurice THOREZ (je ne plaisante pas, « Fils du Peuple » devait, selon ma mère, faire partie de nos lectures !).
Je leur préférais la presse d’opinion, (j’aimai confronter les colonnes de « L’Huma » de ma grand-mère avec celles du « Figaro » de sa sœur ou des Paris Match du coiffeur). Mais surtout j’aimais découvrir par moi-même et je me laissais difficilement guider dans mes lectures, aujourd’hui encore, (et toujours) je me contrefiche de l’avis de tartempion avant d’acheter un bouquin.
A ça y est, j’en vois qui se demandent encore où je veux en venir !!! Patience, je vais tout vous dire.
Il y a un demi siècle de cela, ma Bonne Dame, un écrivain nommé Gaston BONHEUR a écrit un livre intitulé « Qui a cassé le vase de Soisson ? ».
Cet ouvrage rassemblait toute une série de textes que chacun d’entre nous a pu lire et relire dans nos manuels scolaires. Poèmes, leçons de morale, Vercingétorix et Alésia, Blandine livrée aux lions, Mirabeau et le serment du jeu de Paume, Bonaparte au pont d’Arcole, Gambetta s’envolant en ballon de Paris assiégé par le prussien, les tranchées, Verdun et le 11 Novembre 1918 . C’est là que bizarrement, s’arrêtait l’histoire de France à cette époque. Il y avait aussi le Dormeur du Val, Pasteur et la Rage, le chant du départ, Henri IV et la poule au pot, « Sans Famille » et notre pucelle d’Orléans.
Ça vous en rappelle des souvenirs ?
Mais le texte le plus important de ce livre, à mon humble avis, c’était le préambule, il m’a marqué à jamais, je l’ai adopté, et cinquante ans après il est toujours mien.
« Qu’est ce qui fait que nous sommes français ? » telle était déjà la question que posait Gaston BONHEUR, « Qu’est-ce qui fait que nous avons ce sentiment d’appartenance à une nation ? » « Qu’est ce qui nous différencie des populations des autres pays ? »
La réponse de l’écrivain était « le contenu de l’enseignement que nous avons reçu à l’école primaire ». Les anglais se contrefichent de Vercingétorix, les allemands ne verseront jamais une larme sur le sort de Jeanne d’Arc, 1515 ne signifie pas une victoire mais une défaite pour les Suisses et Waterloo n’est qu’une morne plaine pour les belges où Français et Anglais ont eu le mauvais goût de venir s’étriper chez des voisins qui ne leur demandaient rien.
Des générations entières d’Antillais ont ainsi appris que leurs ancêtres s’appelaient les gaulois, qu’ils étaient blancs de peau et blond de chevelure. Mais c’était ainsi…. Et cela doit être encore être ainsi pour ceux qui ont la chance de venir s’asseoir sur les bancs de notre école publique laïque et obligatoire, qu’ils soient nés en France ou « nés quel part ».
L’école est le premier creuset de notre identité nationale. C’est peut-être pour cela qu’elle est aussi mal traitée, dénigrée et privée de moyens par ceux là même qui ont lancé le débat, en particulier au plus haut niveau de l’Etat.
J’avais tout juste une douzaine d’année, et j’avais trouvé ce livre chez les parents d’un copain, qui avaient eu la gentillesse de me le prêter, Il m’apportait la réponse à une question que je ne m’étais jamais posée avant. Ce n’est qu’un critère parmi d’autres qui m’ont amené à élaborer ma conception d’appartenance à une communauté que je qualifierai plus de culturelle que de nationale. Chacun à la sienne, chacun à ses critères, très respectables tant qu’ils ne portent pas atteinte à la dignité de « l’autre » Le désir d’appartenir à cette communauté, parce qu’on est attiré par ses valeurs républicaines et laïques de Liberté, d’Égalité et de Fraternité vaut autant, si ce n’est plus, que le fait d’être seulement né sur ce territoire.
Je ne suis ni fils ni petit fils d’immigré, pourtant mes ancêtres ne sont français que depuis 150 ans, nous n’avons pas franchi de frontière, c’est la frontière qui s’en est allée, un peu plus loin, juste un peu plus loin. Les miens ont eu cette particularité d’avoir amener à la fois leur culture et leur terroirs à ce pays auquel ils ont été rattachés.