Mes Ancêtres les Sorcières

 
Dans les « sorcières de Rouffach »je vous avais déjà dit que ma grand-mère maternelle était une sorcière « une vraie » comme celles que j’ai décrites dans le texte ci nommé.
Léontine, car elle s’appelait ainsi, n’avait aucun diplôme, elle connaissait les plantes qui guérissent (les autres aussi, mais comme elle n’avait pas la moindre once de méchanceté elle les ignorait). On disait de ma grand-mère qu’elle avait   le don de prédire l’avenir, personnellement je dirais qu’elle avait plutôt le sens de l’observation, et suffisamment de sagesse et de psychologie pour sentir « venir les choses ». C’était surtout une sage femme, à tous les sens du terme. Elle avait aidé à accoucher de nombreuses mères, mettant entre autre au monde les quatorze ou quinze enfants de sa belle sœur. La présence de cette paysanne de la montagne rassurait autant les futures mamans que l’unique médecin du canton. Pourtant, lorsque je fis savoir qu’il était grand temps de m’accueillir au sein de la famille, Léontine paniqua, la belle sœur c’était normal, les voisines ça pouvait aller, mais sa fille ……cette affaire la dépassait complètement. Ma mère, avec son sens de l’autorité que nous lui connaissions bien, lui secoua les puces et pour mon grand bonheur Léontine me mit au monde.
Je ne suis pas contenté d’un apparentement avec les sorcières uniquement du coté maternelle, car voyez vous, moi qui ne crois pas au hasard, je pense que si mon père a choisi la fille de l’une d’elle, c’est parce que du coté de sa mère ….. vous voyez où je veux en venir ?
Ma mémé Dédée n’appartenait pas à cette confrérie, mais par contre elle était native du Berry, et qui dit Berry dit sorcellerie et Magie Noire. Au cœur de ce pays, fait de Marais et d’étangs, il existe trois villages qui forment ce que les berrichons eux-mêmes appellent le triangle des sorciers, ce n’est rien de dire qu’il s’agit du saint des saints de l’ésotérisme, Un dicton local dit d’ailleurs « Villiers, Saulnay, Paulnay trois pays de sorciers ». Ma grand-mère,petite fille d’instituteur, naquit par hasard dans l’école de son grand-père, à Saulnay, sa mère étant venue se reposer chez ses beaux-parents pour échapper à la « vie parisienne ». Cependant ses origines berrichonnes étaient indéniables, et elle passait souvent ses vacances chez sa Tante Berthe à Villiers, l’un des deux autres villages du fameux triangle.
La Tante Berthe, rien que le nom, vous avez déjà une idée du personnage, demeurait avec son mari le sabotier en bordure des marais de la Brême, à l’écart du village, juste ce qu’il faut pour être à l’abri des regards indiscrets, tout en ne perdant pas une miette de ce qui pouvait ce passer chez les autres. Imaginez ce pays, celui du grand Meaulnes, couvert de brumes, où il est facile de se perdre dans les marais si l’on n’est pas du cru, vous avez ainsi une petite idée réjouissante du cadre et pour corser le tout, le petit bois derrière chez la tante s’appelait le bois des vipères. Mais qui dit la Tante Berthe dit l’oncle Auguste, le sorcier, enfin le plus sorcier des deux, c’était lui. Jeteur de sorts et désenvoûteur, Malheur a celui qui lui manquerait de respect, les créatures du marais, dont il connaissait les secrets se chargeraient de tourmenter l’importun. Mais ce qui faisait surtout la réputation de l’oncle c’était…comment dire… ? sa…baguette magique. Dans tout le pays elle était connue pour faire du bien aux dames qui souhaitaient en apprécier la sustentifique moelle. L’oncle en faisait un usage immodéré à un point tel que cela n’était plus un secret dans la famille, mais presque un titre de gloire.
Je n’ai pas connu l’oncle, mort bien avant ma naissance, par contre, même si je n’ai aucun souvenir d’elle, j’ai côtoyé la tante les premières années de ma vie, car elle était hébergée chez ma grand-mère après son veuvage. Elle m’aimait bien, et appréciait, elle qui n’avait pas eu d’enfant, de nous garder quand ma mère travaillait. Il parait que quelques jours avant sa mort, elle m’aurait confié à l’oreille le secret de l’oncle pour enchanter les dames. Malheureusement au Lycée de Saint Flour, ils ne faisaient pas Berrichon en seconde langue.



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