J’ai rendu mon minitel ! Oui, oui, tu as bien lu, je viens de restituer à Orange mon terminal. Ce n’est pas de gaîté de cœur que je me suis séparé de lui, mais « Ils » me l’ont réclamé sous prétexte qu’en juin le service s’arrête. Trente ans que je l’avais, pratiquement au tout début de l’aventure du 3615 et de l’annuaire électronique. Bon, d’accord, cela faisait treize années que dans son carton il prenait la poussière dans le grenier. Je l’ai retrouvé entre une vieille chaise et un réservoir de chasse d’eau sous deux vieux pneus que je voulais faire rechaper en « neige » il fut un temps.
Tu me connais : On me demande de le rendre, je le rends, que veux-tu dire de plus ? Je suis donc parti hier après midi dans les rues d’Uzès pour le déposer à la boutique d’Orange. Je me suis garer au parking des cordeliers, juste à peine 500 mètres à parcourir jusqu’au magasin, pas de quoi en faire un plat, du moins je croyais.
Au début, tout allait bien, les premiers cinquante mètres ne me posèrent aucun problème, mais alors que je sortais du passage du chapelier, j’ai entendu un cri :
« Mon Dieu qu’il est beau !!!! » S’écria une femme. Sur le coup je fus flatté, surtout quand je pris conscience qu’une foule considérable venait de m’entourer, attirée par les exclamations de cette dame. « Ce n’est pas possible, je rêve, mais c’est un vrai ? » « Oui, oui, madame, s’exclama un retraité des télécoms, je le reconnais, c’est un authentique minitel. » « Un minitel ?reprit un ado boutonneux,mais ça a vraiment existé ? mon grand père m’en avait parlé, mais je croyais que c’était une légende » « Je vous l’achète 100 dollars » me proposa un antiquaire américain « Dix Mille drachmes »renchérit un escroc grec « C’est un faux, accusa une dame de petite vertu, un minitel, c’est rose, celui-ci est café au lait »
J’essayais d’avancer, mais la foule me harcelait, je donnais des autographes, faisais la bise aux enfants, je serrais des mains, posais pour des photos, un général en retraite proposa de me l’échanger contre sa collection de petites culottes indonésiennes. La police municipale fut appelée en renfort afin de me permettre d’arriver jusqu’à la boutique, où je trouvais enfin refuge.
Je te promets, que je n’ai pas trop exagéré, à peine, juste un peu. Par contre je peux t’assurer que ça valait la peine de voir la tête du vendeur lorsque je lui ai dit que mon minitel était en panne et que je voulais qu’il me le change contre un neuf. Il m’a regardé avec des yeux ébahis, se demandant si c’était du lard ou du cochon et si par hasard, je n’étais pas un exemplaire du parfait abruti. Pour ne pas faire de gaffe, il se décida au bout de quelques secondes à esquisser un petit rire précédant un « ouf » de soulagement lorsqu’il comprit que je plaisantais.
(Pour ceux qui se poseraient des questions, j’ai vraiment reçu une lettre me demandant de restituer mon minitel, et je l’ai vraiment ramené à la boutique orange