La Fête du Cochon
 
 
La Fête du Cochon
Je ne voudrai point faire ma tête de lard, mais, y’a pas à dire, le tri sélectif, ça ne date pas d’hier, n’en déplaise aux écolos. Mon bon monsieur, nous autres, dans nos campagnes, ça fait un bon bout de temps que nous le pratiquons. J’dirions même que n’avions point attendu que le parigot y nous mette ça à la mode de chez lui, n’est-ce pas la Marie ? Cré ven diou !
Le Cochon de La Rochette-100506 02 (7).jpgChez nous, les résidus de la cuisine, les trognons de choux fleur, les fanes de carottes, les pelures de patates, c’est le cochon à qui nous les donnions ! Pour sûr !!
Hé, t’as compris l’astuce ? J’va pas te faire un dessin quand même ? La tête de lard ? Le cochon ? C’est marrant, non ?  C’est nul ? Ben tant pis, j’essaierai de faire mieux la prochaine fois.
 
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N’empêche que c’était vrai, et on n’a pas fait mieux que le cochon en matière d’écologie, non seulement il éliminait les restes alimentaires, et autres (innommables)  mais en plus, à la fin de l’hiver, afin de le remercier des services rendus on lui faisait une petite fête. Rien que pour lui, il en était la vedette incontestée. On le pouponnait, on le lavait et même, on le rasait de près.
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Je ne sais pas si chez vous c’était pareil, mais au pays de mon beau-père, on s’arrangeait entre voisins pour ne pas tuer le cochon tous en même temps, c’était bien pratique avant l’époque des congélateurs. Nos anciens, comme ils ne pouvaient pas tout mettre en salaison, offraient à ceux qui étaient venus les aider à saigner et préparer la bête un peu de viande fraîche, à charge de revanche, car leur tour venu, les voisins vous invitaient à leur donner un coup de main et vous repartiez, vous aussi, avec votre morceau de cochon au fond du panier, non sans avoir au préalable partagée une succulente fricassé de porc arrosée d’un bon petit vin « fait maison ».
 
Le Cochon de La Rochette-100506 02 (9).jpgTout le monde s’y mettait, les uns découpaient la viande, d’autres « moulinaient » la chair à saucisse, les femmes allaient laver les boyaux à la rivière pour faire le saucisson. Les garçons coinçaient les filles entre deux portes, et les mères de famille tiraient des plans sur la comète afin de marier la Raymonde avec le Roger, plutôt qu’avec ce bon à rien de facteur qui lui tournait autour.
 
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Aujourd’hui, tuer le cochon est devenu un délit, faut passer par l’abattoir et le boucher certifié, sans oublier de payer le vétérinaire qui autorisera, à grand coup de tampon, la consommation de la viande de votre goret.
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Au fin fond de mes boites en carton, en recherchant  des photos de Brigitte, j’ai retrouvé celles-ci, prises dans les années 70, ce fut la dernière fête du cochon à laquelle il m’a été donné d’assister. Les gens ont pris l’habitude d’acheter leur bête chez le boucher, parfois juste une moitié d’animal, tout découpé, il ne leur reste plus que le plaisir de faire eux même leur fromage de tête et leur pâté.
Ainsi va la vie, c’est le progrès. Enfin, parait-il….



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