La Juva Quatre du DIABLE

 
Nos séjours à PUGET étaient l’occasion de participer ou plutôt d’assister, à de nombreuses fêtes votives. L’une des préférées de mon père était celle de LA CROIX, un village perché au-dessus de la vallée de la ROUDOULE, comme on en trouve dans le MERCANTOUR. La route, étroite et vertigineuse, grimpe à flan de ravin pour nous conduire dans un petit ensemble de maison suspendu entre l’abîme et le ciel. Le soir de la fête un feu d’artifice illuminait les falaises et la vallée.
Une année, nous sommes montés avec la famille d’Alain, lequel commençait tout juste à fréquenter ma cousine Roselyne. Nous avions, les enfants, choisi de monter avec son père, Émile COMPAGNON, (plombier de son état), parce qu’il avait une JUVA Quatre RENAULT, dont la conception, je crois, était d’avant guerre. C’était l’ancêtre des fourgonnettes 4L, des express et autres C15. Nous étions entassés dans le coffre à l’arrière et nous effectuâmes les deux trajets, aller et retour ainsi.
Le soir, en se couchant, ce brave homme se redressa dans son lit et dit à sa femme, « J’ai passé une bonne journée » et il s’écroula, mort. Autant dire que dans une famille d’hystériques, niçoise de surcroît, on délira fort le lendemain, imaginant ces pauvres enfants partant dans le fin fond de l’abîme avec la JUVA Quatre et son conducteur mort au volant.
Aujourd’hui encore, un demi siècle après, on m’en parle encore, « Ah, c’est vrai que tu y étais dans la Juva le jour de la mort d’Emile !! »
Ce fut mon premier vrai enterrement, nous étions là pour la sortie du corps. J’avais assez peur, j’imaginais le cercueil, sinistre, entièrement noir, comme ils me paraissaient être dans nos films en Noir et Blanc, je fus surpris et même rassuré de voir ce coffre en chêne clair, bien verni, je ne pus m’empêcher de penser que finalement c’était « un beau meuble ».



Créer un site
Créer un site