C’est arrivé un 13 janvier, un jeudi, je m’en souviens très bien, j’y étais !.

 
Le soleil avait bien du mal à descendre au fond de la profonde et étroite vallée du Var, là où se niche PUGET THÉNIERS, péniblement il parvenait, quelques heures par jour à lécher, les toits du petit village. Il aurait bien voulu se faufiler parmi les étroites ruelles, mais il lui fallait déjà se retirer, sans avoir pu pénétrer au cœur des vieilles maisons de galets. Autant dire, qu’en ce glacial début d’année 1949, si l’air était sec et sain, c’est parce que l’humidité s’était transformée en une solide couche de verglas et de givre. L’ancienne sous préfecture des Alpes Maritimes, (l’une des plus petite de France), grelottait.
 
L’Action Enchaînée, le bronze de Maillol, objet de scandale, qui trône, dénudée, sur la placette en l’honneur d’Auguste Blanqui, l’enfant du pays, ne devait pas avoir chaud aux fesses.
 
L’évènement eu lieu vers 14 heures dix, j’ai ouvert un œil, puis le deuxième, et j’ai aperçu en face de moi Léontine, ma grand-mère, affectueusement surnommée « Mémé Puget ». Elle m’a souri, l’air soulagé, et a dit ses deux mots qui m’intriguèrent tant pendant des années : « Vé Lou ! ». J’eus beau « espincher » de tous les cotés, je ne vis aucune bestiole autour de moi, surtout pas de loup, à l’époque ils n’étaient pas encore revenus dans le massif du Mercantour. A part moi, bien entendu, ce qui me permis de penser qu’elle s’adressait à ma petite personne. 
 
Je constatais seulement que j’étais dans la salle à manger de ma grand-mère, et que ça tombait bien, car j’avais une petite faim. J’ai poussé un grand cri, qui voulait dire « A table », mais « ils » n’ont pas compris, « Ils » étaient cependant ravis, c’est donc que tout allait bien, j’avais tout ce qui fallait pour réussir dans la vie, dix doigts harmonieusement répartis sur les deux mains, des yeux (une paire), des orteils, et même de quoi aller, plus tard, faire pipi debout.
Dehors le crieur public ne jugea pas utile de prendre froid pour annoncer ma naissance, Dommage, qui sait ? Une semaine après l’épiphanie les rois mages auraient peut-être eu le temps de venir me voir, l’encens et la myrte, à la rigueur je les aurais acceptés pour leur faire plaisir, par contre quelques pièces d’or n’auraient pas été de refus, c’était la galère à cette époque, et mon père a du ramer un sacré bout de temps avant d’atteindre le rivage.

Comment ? Vous voulez la photo ? Mais Madame, nous n’avions pas les moyens, heureusement que mon père savait dessiner




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