Être père Noël n’est pas une sinécure, tu t‘en doutes bien, surtout pour un loup à l’épaule cassée, mais j’ai le sens du devoir, et cette année, comme depuis 456 ans que je fais ce boulot, j’ai entrepris ma tournée afin de distribuer les joujoux par millier, les sacs en croco, les play- stations et autres chèques cadeaux non remboursables par la sécu.
Je dois te dire que j’avais quand même obtenu le matin même le feu vert du chirurgien, m’autorisant à quitter mon attelle exceptionnellement afin de faire mon petit boulot de père Noël ainsi, qu’une heure par jour, pour effectuer ma toilette. Comme il n’y a que les gens sales qui se lavent et que j’ai déjà pris une douche le 11 Novembre, j’ai décidé d’utiliser ce temps pour naviguer de nouveau dans la blogosphère. Donc me voilà, tout frais, tout propre (ou presque) entièrement disposé à te conter mes péripéties de cette nuit du 24 Décembre
Grain de Sel, mon petit lutin m’accompagnait dans mon voyage et nous avons surfé sur les nuages, les croissants de Lune, les toits de tuiles roses et les ardoises de schiste, heureux de faire plaisir aux uns et aux autres. Tout c’était déroulé le mieux du monde, aussi sur le chemin du retour, quelque peu fatigué, j’ai cédé les rênes des rennes à ma petite reine, m’installant confortablement à l’arrière du traîneau, quand soudain mon regard fut attiré par une forme bizarre sous le siège du conducteur. Je m’approchais, intrigué, et stupeur !!!!, que vois-je ? Un colis ! Un cadeau oublié !!! Mais comment avait-il pu se glisser là dessous ? Mystère !!!! En tout cas, c’était grave, très grave même !!! Je regardais avec inquiétude l’adresse du destinataire : Monsieur BILLY, chien de compagnie, demeurant à BOUCOIRAN.
BOUCOIRAN ???? Mais ce n’est pas ma tournée !!!! ( Oui, il faut que je te dise, je ne suis pas le seul Père Noël, tu vois, c’est un peu comme le facteur, quand au téléphone tu dis au cousin Zézé, qui habite à l’autre bout de la France, dans les brumes du Nord, au dessus de Montélimar, que « le facteur est en train de passer » et qu’il te répond, « il passe aussi chez moi en ce moment » et bien, ce n’est pas le même !! T’as compris ? Non ? Ce n’est pas grave !!! . Moi, tu me connais, toujours prêt à rendre service, rien qu’a l’idée que ce pauvre Billy n’aurait pas son paquet de croquettes de régime "spécial fêtes de fin d’année", j’était très attristé. J’ai donc téléphoné au « Big Boss », (Parce que nous avons un chef, Archibal, que nous appelons entre nous « le père Noel », marrant non ?)
« Archi, nous avons un problème !! »
« Qu’est-ce qui t’arrives ma poule ? »
Je lui fais un petit topo résumant la situation et me proposant de faire un détour pour déposer le colis dans la cheminée de Billy.
« Ok ma poule, mais n’oublie pas l’heure, au sixième coup de six heures, tu rentres à la maison, c’est la règle, souviens-toi de ce qui arriva à Cendrillon, quoique une courge sur une citrouille, ça doit être à mourir de rire ma poule, Mdr, Mdr, Hihihi, Mdr !!!! »
J’étais juste au dessus d’Uzès, Grain de sable, programma le GPS sur BOUCOIRAN, et le temps de virer de bord au dessus des Arènes Jean-Jacques SERRE, nous avons mis le cap sur La Calmette afin de commencer notre descente à la verticale de la magnifique et immense Basilique Saint Jack, mondialement connue au point d’être bientôt inscrite au patrimoine de l’Humanité par l’Unesco à la demande de Carla BRUNI.
Dans la pénombre, Grain de sel et moi avons distingué ce que nous prîmes d’abord pour une cheminée mais qui s’avéra être la célèbre tour de BOUCOIRAN. A son sommet trônait un bonnet rouge, je crus un bref instant qu’il s’agissait d’un cadeau qui m’était destiné, car j’ai parfois la grosse tête. En fait ce couvre chef servait d’abri à une nichée de cigognes à qui je demandais poliment l’autorisation de me poser afin de pénétrer dans la tour.
« Le mot de passe, père Noël !! »
« J’sais pas, heu, disons, les cigognes passent toujours treize fois ? Non ? »
« C’est 19 !! »
« Comment cela ? J’ai lu sur le blog de Patacol qu’il y avait eu treize naissances ici au village »
« Vous oubliez les six petits que BILLY a fait à Mirza !! »
« Patacol ne m’en a rien dit »
« Normal, elle n’est pas au courant »
« Ok, donc, les cigognes passeront dix neuf fois, ça vous va ? »
« Allez y !! »
Quelle descente !! Je ne vous dis pas, pas la moindre lumière dans la tour, les cigognes auraient pu y mettre quelques bougies, elles devraient en avoir en réserve, elles qui, pour assurer toutes ces naissances, doivent bien tenir un peu la chandelle de temps à autre.
Bref, après maintes frayeurs, j’ai pu avoir accès aux toits du village, mais je n’étais pas encore au bout de mes peines. Je m’étais engagé sur une toiture particulièrement glissante ; on aurait dit une patinoire inclinée, lorsque brusquement un individu a surgit d’un vasistas, un fusil à la main.
« Quel est l’abruti qui marche sur mes panneaux solaire ? »
« C’est moi, le père Noël, je vais chez Billy et Patacol, je porte des croquettes et un baba au rhum !! »
« Ali Baba ? Des Roms ??? Aux voleurs, aux voleurs !!! »
« Je ne suis pas un voleur, je suis un loup et ……. »
« Au Loup, Au Loup !!!!! »
Et mon bonhomme d’épauler sa pétoire.
Heureusement, mais c’est un secret que je te demande de ne pas répéter, nous disposons depuis quelques années, sous notre manteau, d’un bouton « Warning !! » Il suffit d’appuyer dessus pour être transposé instamment un peu plus loin.
C’est ainsi que je me retrouvais planqué dans le clocher de l’église quand retentirent deux coups de fusils.
« Hé l’Armand qu’est-ce qui te prends de défourailler en pleine nuit ? »
« Y’a un loup, je te dis, y’a un loup sur mon toit, je l’ai vu »
« Oui, c’est ça, y’avait pas le renard et la belette aussi par hasard ? »
« J’te dis, un loup, énorme, tout rouge, avec une barbe blanche »
« C’est ça, va te coucher, cuve ton vin et on en reparlera demain »
Je te dis pas, "la peur de ma vie !!!", mais ce n’est pas tout, le temps passe, et il me fallait trouver la maison de BILLY, pas facile, depuis qu’ils ont donné des noms aux rues du village, on ne s’y retrouve plus, enfin bref, le jour commençait à pointer le bout de son nez quand enfin j’atteignis la cheminée tant convoitée, c’est alors que…..
Dong !
Dong !
Mon dieu six heures, vite, vite, vite je fouille mon sac……..
Dong !!
Déjà trois coups, ah, je le tiens, zut, c’est le gilet de sécurité obligatoire en cas de panne sur la voix lactée,
Dong !!
Et de quatre, et ça ?, qu’est-ce c’est ?
Dong !
Cinq !!! Je l’ai !!!!Je l’ai !!
Dong !!!!
Et vlan, au moment précis où j’allais lâcher les croquettes dans le conduit de la cheminée, hop là, Boum !!! Je me retrouve là haut dans le traîneau, le paquet cadeau à la main.
« Désolée, Papou, faut rentrer, Mamie Zette va te tirer les oreilles si nous arrivons en retard »
« Et oui, Petit Grain de Sel, c’est comme ça, j’espère que BILLY nous pardonnera »
« Papou ? Pendant, que tu étais sur les toits, j’ai blagué avec les cigognes »
« Et alors, ma Janou ? »
« Dans un mois, elles passeront à la maison, avec la petite sœur.. »
Vous pouvez vous rendre sur les blogs « Au pied de la Tour » « La Calmette » et "Vivre à Uzès" en cliquant sur les liens placés dans le texte