Le trou du Taureau (1ère Partie)

 
 
Si vous demandez à un uzétien de vous parler du trou du taureau, adressez vous au minimum à un bon quinquagénaire, parce que l’histoire que je vais vous relater remonte au début des années 80, peut-être même à la fin des seventies. Seuls les plus de cinquante ans pourront l’évoquer avec vous, mais personne ne pourra vous le montrer, le bâtiment qui l’abritait a été ré agencé, et le trou du taureau est redevenu une cave, ce qui était sa vocation  première. 
Maintenant, vous me connaissez, vous vous doutez bien que je vais prendre quelques chemins de traverse pour aborder les évènement que je vais vous conter, mais cette fois, je n’ai pas d’autre choix, car pour bien comprendre le récit qui va suivre, il va me falloir planter le décor et le resituer dans son contexte.
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(A la demande Générale de Colapat, je glisse une photo de la place de la république, dite place aux herbes ou place du marché, vous pouvez admirer au centre la magnifique colonne à déchets qui orne de si belle et élégante façon ce haut lieu touristique, vous avez de la chance,  vous n'avez pas les odeurs qui vont avec et aujourd'hui, elle ne débordait pas)
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Nous allons prendre tout notre temps, tiens, (tu permets que je te tutoie ?), nous allons nous installer confortablement à la terrasse du café de la bourse, juste en face du passage qui relie le boulevard Gambetta à la place aux herbes, ça tombe bien (si j’ose dire, mais tu comprendras plus tard) .Et maintenant, fais un effort d’imagination, rappelles toi Uzès, cette ville en ruine, qui grâce à la loi Malraux, va devenir un bijou au cœur de la Garrigue Gardoise. Souviens toi de sa place aux herbes dévastée, des maisons effondrées avec leurs occupants ensevelis sous les gravats, de ces hôtels particuliers que l’on pouvait acheter pour une bouchée de pain, remémore-toi, ce centre ville populaire, pleins de petits commences, des joueurs de boules sur la place du marché, oui, souviens toi d’Uzès avant que le fric n’en chasse ses habitants.
En 1977 j’ai été élu conseiller municipal par le plus grand des hasards (un candidat venait de se désister au moment du dépôt des listes, j’étais là, quelqu’un m’a dit « vas-y, tant pis si t’es battu, mais il faut qu’on soit au complet» , je n’ai pas eu le temps de réaliser, personne ne me connaissait, j’étais uzétien depuis moins d’un an, c’est peut-être pour ça que je n’ai pas été rayé , et que le soir du dépouillement je signais , sans le savoir, pour trois mandats électoraux consécutifs),
Comment ? Quel rapport avec le trou du taureau ? Mais laisse-moi terminer, bois ton sirop et écoute-moi.
Juste en face de nous, il y avait un bureau de tabac, et derrière lui, un îlot de maisons en ruine, c’était totalement insalubre, les égouts étaient à ciel ouvert , noyant les caves et les sous sol dans un cloaque absolument dégoûtant. Ce fut là que les tous nouveaux conseillers furent conduits par les anciens pour qu’ils comprennent l’importante de la restauration de la ville, c’est aussi là que, perchés sur des murs lépreux, on nous expliqua le projet du percement d’un passage qui relierait la place aux herbes au Boulevard Gambetta. Passage que tu as aujourd’hui sous tes yeux, et qui, à son débouché sur la place, devait accueillir un bar glacier, avec, comme originalité une terrasse en sous sol, d’où les consom-mateurs, en levant les yeux pourraient mater heu, pardon, pourraient admirer les jambes gracieuses et magnifiquement galbées des jolies touristes qui emprunteraient le passage.
Au moment où se situe notre histoire, le gros œuvre était terminé, le passage était ouvert au public, mais le bar glacier, n’était pas encore aménagé, des rambardes protégeaient la fameuse terrasse en sous sol dont l’accès se faisait de l’intérieur de l’établissement.
Mais excuse-moi, c’est l’heure d’aller chercher Janou Grain de Sel à l’école, nous reprendrons cette conversation plus tard, dans deux ou trois jours, même lieu, même heure.
Allez salut à bientôt.



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