Monsieur Lavigne, maître d'internat (3ème partie) Tableau d'honneur et encouragements

 
Chaque fin de mois Monsieur le censeur rendait visite à notre étude, et je dois dire que ce jour là nous étions dans nos petits souliers. Il faut vous préciser, que ce personnage, de par sa fonction, pensait être le représentant des parents de nous autres, pauvres internes, et qu’il se devait d’assurer le sérieux de nos études et de veillez à ce que nous nous consacrions  chaque soir avec assiduité à nos devoirs. Il avait institué le « bilan mensuel », pour cela, il parcourait l’ensemble des études et demandait aux surveillant d’internat de chacune d’entre elles, de lui faire un bref résumé des résultats individuels de chacun d’entre nous.
Monsieur Lavigne prenait alors le grand cahier sur le lequel était inscrit nos notes du mois, précisant si elles avaient évoluées dans un sens positif ou négatif. Monsieur le censeur fronçait les sourcils, regardait l’élève concerné et le sermonnait généralement car nous n’en faisions jamais assez, « vous pouvez faire beaucoup mieux » était sa ritournelle, Imaginez alors ce qui arrivait à celui qui avait régressé  «  Elève Machin, vous n’êtes pas à la hauteur de notre établissement, vous vous prélassez, vous viendrez dimanche en retenue, je vous donnerai du travail, moi ».
C’est comme cela que j’ai découvert l’injustice du système, les externes et les demis pensionnaires échappaient à ce cérémonial et à ses conséquences, ils pouvaient se permettre d’être des cancres patentés, ils passeraient leur dimanche avec leur famille, tandis que nous, qui en étions privés toute la semaine, nous nous morfondrions une fois de plus dans les carrières de Bibémus, face au barrage de Zola, le père d’Émile, le plus illustre ancien du lycée.
tableau d'honneur modifié.jpgEt, rassurez vous, je n’oublierai pas de vous remémorer, qu’à la fin de chaque trimestre, nous attendaient le tableau d’honneur, les encouragements et les félicitations. En ce qui concerne ces dernières, même dans mes rêves les plus fous, ce n’est resté qu’un inaccessible mot tiré des contes et légendes des collèges et lycées. Par contre, une fois, une seule fois, j’ai eu droit aux encouragements, théoriquement je ne les méritais pas, mais, comme j’avais vraiment fait un effort (Il m’a fallu six mois pour récupèrer) on me les avait accordés. Quand au tableau d’honneur, ce n’était pas un vain mot, il existait vraiment dans le hall du lycée, avec les noms des élèves méritants. Il se concrétisait aussi par un bout de papier illustré comme un diplôme d’ingénieur. Il n’était pas bien gros, l’équivalent d’un quart de feuille format A4, mais il faisait son petit effet lorsque nous le ramenions à la maison. Si par hasard, dans une brocante ou un vide grenier, vous en trouvez un à mon nom, gardez le !!!! C’est collector, aussi rare qu’un timbre poste multicolore de 1856, émis par un protectorat français du moyen orient.
Mes parents n’y attachaient pas une grande importance, quand je revenais le dimanche suivant, le précieux document que j’avais pourtant pris le soin de cacher avait généralement disparu, donné  à mon petit frère, afin qu’il s’en serve de coloriage



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