Une Petite Joie Simple

 
Je vous entends d’ici, en train de vous lamenter, Comment  AKELA, un garçon si propre sur lui, peut-il écrire une note sur un sujet aussi délicat ? Mais qui puis-je ? Comment pourrais-je vous relater mon enfance sans, à un moment donné, en venir à  « elle » !!! . Ah, bien sûr, je vous parle d’un temps.. mais vous connaissez la chansonnette. Des distractions nous n’en avions pas beaucoup, et « elle » faisait partie de celles qui de temps en temps venaient égayer notre quotidien. Ma Nièce Sandrine, à qui j’en ai causé un jour au coin du feu, m’a dit qu’elle l’avait vu en Tunisie, oeuvrant dans un petit village, et m’a certifié « qu’elle » avait toujours autant de succès auprès des enfants.
« Elle », c’est une ….machine, je n’ai pas trouvé de photo la représentant, (on comprend pourquoi) , mais comme elle ressemblait à celles qu’utilisaient les pompiers de jadis,vous pourrez, (pour ceux qui ne l’on jamais vu), vous en faire une idée au bas de cette note.
J’en ai enfin fini avec les précautions d’usage, je peux me lancer, en souhaitant ne pas tomber dans une certaine vulgarité Je vais donc évoquer la …..comment dire ?, la pompe à M.... et oui !! Maintenant que c’est dit, plongeons dans notre sujet, (si je peux me permettre cette plaisanterie pas très fine, je le conçois)
Vous vous demandez comment un loup, bien éduqué de surcroît, peut avoir un attirance pour une machine dont la fonction n’est pas très ragoûtante, mais attendez, je ne vous parle pas de ces camions nickel chrome, plus propres que la cuisine d’un grand palace qui viennent vidanger des fosses sceptiques parfaitement étanches, en quelques minutes et en toute discrétion. Non, moi j’évoque la vraie pompe à Meu, la pompe à bras, de notre jeunesse, celle de l’après guerre, du temps où le tout à l’égout n’existait pas dans les petites villes. Les eaux usées étaient déversées dans le caniveau, voir dans un puisard, quand à nos « commodités » elles avaient le « charme » des cagadous, ces petites cabanes au fond du jardin ou au fond de la cour. L’écomusée de Mulhouse en possède d’ailleurs une magnifique collection qui a elle toute seule vaut le déplacement. Mais revenons en à notre sujet, et surtout à cette époque dans laquelle nous n’avions pas de télévision, encore moins de console Nintendo, pas de MP3, pas le moindre petit ordinateur, nous n’en étions même pas encore à l’électrophone Teppaz, le transistor n’était pas encore inventé, et nous n’écoutions la radio que sur le gros poste placé sur une étagère de la salle à manger. Le nôtre était encore branché sur Radio- Londres, c’est vous dire…..  Le Jeudi, nous avions bien catéchisme le matin et louveteaux l’après Midi (et oui, AKELA a été louveteau, c’est bien la moindre des choses non !!,) mais les occasions de se distraire étaient rares….fallait être créatif. Heureusement, il y avait notre fameuse pompe à bras. Cette délicieuse machine était tirée par un cheval, et elle venait régulièrement dans notre rue vidanger « les boues » des cagadous. Nous nous retrouvions vite une bonne cinquantaine, plantés devant la maison en instance de traitement. C’était, pour nous les gosses un véritable évènement, l’occasion unique de voir comment c’était chez les autres. En effet, nos « petits coins » n’étaient pas en façade, mais relégués derrière les bâtiments, il s’avérait donc nécessaire de faire passer le tuyau au travers de la maison en laissant les portes grandes ouvertes, ce qui nous permettait de satisfaire notre curiosité, et nous n’étions pas les seuls, les adultes avaient ces jours là une certaine tendance à descendre et à remonter la rue sous le moindre prétexte, histoire en fait de jeter un œil chez le voisin, et de commenter la couleur des tapisseries ou l’état lamentable des plafonds. Mais le summum de notre plaisir était le moment que nous attendions tous, celui où le « vidangeur » et son ouvrier entamaient l’opération proprement dite.Après nous avoir fait reculer, (car ils se méfiaient de quelques garnements qui, discrètement, avaient la fâcheuse manie de desserrer le frein de la charrette avant de donner une tape sur les fesses du cheval afin de le faire avancer d’un ou deux mètres , ceci dans l’espoir de voir se déboîter le tuyau au milieu du couloir de la maison) les deux hommes se mettaient à actionner la pompe à bras sous les railleries de la marmaille qui en chœur, entamait ce chant mélodieux « Pompons la M----, pompons la gaiement, et ceux qui nous emmerdent, on leur mettra le nez dedans » .

Quelle époque bénie, où nous avions des plaisirs innocents et où nous nous amusions de presque rien.

La pompe Elle ressemblait à celle-ci




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